Comprendre l'art pariétal en découvrant la Grotte de Lascaux

Contexte et analyse de l'œuvre

Le contexte

C’est aujourd’hui une certitude, les hommes préhistoriques maîtrisaient parfaitement leur art : sculptures, peintures, gravures occupent les plus beaux espaces naturels possibles. Les parois souterraines de la Grotte de Lascaux, située en Dordogne dans la vallée de la Vézère, rendent parfaitement compte de ce savoir-faire, typique de l’art pariétal. Figures humaines simplifiées, animaux, scènes de chasse et motifs abstraits prennent vie dans ce lieu semi-obscur, découvert en 1940 par quatre adolescents…

La grotte de Lascaux annonce et prépare à sa manière les œuvres artistiques propres aux arts rupestres et mobilier. Progressivement, les peintures et dessins s’affichent en plein air, les objets du quotidien sont représentés sous forme de gravures… L’art préhistorique s’étoffe de courants artistiques aussi riches que complémentaires.

L'analyse de l'œuvre

1. En termes de forme
L’ensemble des galeries de la Grotte de Lascaux s’étend sur 235 m de long pour un dénivelé d’environ 20 mètres. Relativement petit, seul le réseau supérieur de la grotte, composé de 7 secteurs distincts, est décoré.
Dans certaines salles, les parois de calcite ne permettent pas la gravure, mais restent un support idéal pour la peinture.
La salle des Taureaux s’impose d’ailleurs comme un parfait exemple des réalisations impressionnantes de l’époque avec des dessins mesurant jusqu’à 5 mètres de long.
Enfin, déjà dans l’art du volume, l’homme préhistorique utilisait les reliefs naturels de la paroi pour compléter ses dessins et créer l’illusion : les parties manquantes de l’anatomie animale ou humaine "remontaient" en quelque sorte grâce à ce jeu d’optique original.

2. En termes de technique

En fonction du support, les hommes préhistoriques peignaient ou gravaient. Avec du crin ou de la fourrure animale, les artistes de l’époque fabriquaient les ancêtres de nos pinceaux modernes. Côté outils, burin, silex et pics permettaient de s’attaquer à des parois beaucoup plus dures, utilisant la technique du piquetage ou en pratiquant des incisions. Les sarbacanes taillées dans des os complétaient la panoplie des peintres préhistoriques qui réalisaient ainsi leurs empreintes de mains négatives par projection de peinture.
Pour les couleurs, les minéraux et pigments 100 % naturels étaient choisis : charbon de bois, ocres plus ou moins rougeâtres à base d’argile chauffée, hématites et manganèses constituent la palette des artistes de l’époque. Et pour fixer le tout, l’urine, les gommes ou encore les résines végétales fonctionnaient parfaitement.

3. En termes de signification

Chevaux, aurochs, bisons, cerfs, bouquetins, mais aussi plus rarement ours, rhinocéros et grands félins envahissent les parois de la grotte de Lascaux. Ces espèces, parfois loin de celles chassées dans la région à l’époque, se caractérisent avant tout par leur extrême réalisme quant aux morphologies et attitudes représentées.
Mais nous sommes pourtant loin d’une image exhaustive et purement naturaliste de la réalité. Flore, relief et matérialisation du sol sont en effet absents des parois de la grotte. Enfin, les signes abstraits et éléments figurés sous forme de "blasons" ou de points renvoient directement à une dimension symbolique. Ce qui a conduit les plus grands spécialistes de la préhistoire à considérer la grotte de Lascaux comme un sanctuaire avant tout.

4. En termes d'usage

Dès sa découverte, la grotte est classée monument historique et en 1979, elle est même inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. En 1963, ce lieu d’exception est fermé au grand public pour éviter de compromettre davantage la sauvegarde des peintures.
Depuis 1983, un fac-similé a été ouvert à 200 mètres du site original : "Lascaux II". Et pour l’avenir ? 2012 devrait voir se finaliser le projet "Lascaux III", une exposition itinérante de 800 m2 permettant de découvrir partout dans le monde la richesse de ce lieu unique en son genre.
Enfin, un centre national d’art pariétal devrait prochainement ouvrir sous le nom de "Lascaux IV". L’objectif ? Offrir aux 300 à 400 000 visiteurs attendus, une réplique exacte de l’ensemble des parties décorées de la grotte. De quoi donner à ce nouveau centre une ampleur internationale et en faire une référence sur les plans touristique et culturel.