Trois mouvements majeurs pour un art très religieux
Au cours du Moyen-Âge, les différentes religions se répandent partout dans le monde. En Europe, c’est le Christianisme qui influence essentiellement l’art médiéval, un art "sacré" avant tout.
Parmi les nombreux courants de l'époque, nous choisissons de ne retenir que trois grands mouvements artistiques médiévaux :
1. L'art byzantin
Il se développe dans l’Empire byzantin, à la disparition de l’Empire romain d’Occident, entre 476 et 1453, année de la chute de Constantinople. Prolongement de l’art romain, il réunit des influences orientales et chrétiennes.
Ses thèmes principaux, la religion et l’Empire, sont traités de manière symbolique. Des représentations du Christ, de la Vierge et des Saints apparaissent sous forme d’icônes qui sont des peintures sur panneaux de bois.
Après 843, l’art byzantin devient plus monumental, d’immenses fresques et mosaïques décorent les grandes églises à coupoles de Constantinople. L’ancienne église chrétienne Sainte-Sophie (Istanbul) reste à ce jour l’un des plus grands exemples de l’architecture byzantine.
2. L'art roman
Influencé par les périodes antique, carolingienne et byzantine, il s’étend en Occident du Xe au XIIe siècle.
Son architecture se caractérise essentiellement par des constructions religieuses : monastères, abbayes, églises. La pierre est utilisée à la place du bois pour bâtir les voûtes et limiter les incendies des charpentes. Les ouvertures dans les murs s’élargissent et deviennent plus nombreuses pour faire entrer la lumière.
En sculpture, des scènes de l’ancien et du nouveau Testament sont représentées, des animaux imaginaires apparaissent également (griffons, dragons).
En peinture, les artistes développent leur sens du réalisme et du naturalisme avec des fresques et des tapisseries aux nombreux détails.
Enfin, les copistes, en général des moines, recopient sur du parchemin les livres de l’Antiquité et décorent les manuscrits d’enluminures. Ces petites images très soignées sont appelées « miniatures ». Elles représentent des scènes religieuses, chevaleresques ou encore quotidiennes.
3. L'art gothique
Il correspond à la période allant du XIIe siècle à la fin du Moyen-Âge. En architecture, les édifices religieux deviennent de plus en plus grands avec la construction de vastes cathédrales. Les fenêtres s’agrandissent et l’art du vitrail se développe avec la rosace qui devient un élément clé du décor. Des tableaux religieux en bois, composés de plusieurs panneaux et appelés retables, décorent les murs de représentations du Christ et de la Vierge.
Dans les livres, les enluminures illustrent la vie des nobles avec des scènes de chasse et de banquets aux couleurs, à la lumière et à la perspective bien spécifiques. Les dessins des visages se font plus délicats, les corps et les membres s’affinent avec des tailles hautes et des ventres arrondis.
L’art gothique se répand dans toute l’Europe et devient au XIIIe siècle un style international remplaçant l’art roman.
Quelles étaient les fonctions de l’art médiéval ?
On distingue 4 fonctions principales :
La fonction liturgique
Les fresques, retables, tableaux, vitraux mettent en image les différents rites et sacrements de l’Église comme la messe ou le baptême. Ces œuvres d’art permettent aussi de rappeler aux fidèles les grands temps de l’année liturgique (Noël, Pâques, la Pentecôte) et agricole.
La fonction pédagogique et éducative
Une grande partie de la population médiévale est analphabète et ne lit donc pas les textes sacrés. On utilise alors les images pour "enseigner" l’histoire religieuse, l’Ancien et le Nouveau Testament. C’est en fait un moyen de "raconter" la vie des messies comme Moïse, Jésus ou encore Mahomet.
La fonction symbolique
Les œuvres d’art de l’époque ne donnent pas une représentation "réaliste" et "matérielle" des personnages historiques ou du monde environnant. Les figures ont un rôle symbolique et servent donc à véhiculer des concepts théologiques et cosmogoniques. L’art médiéval s’impose davantage comme un "langage artistique" permettant à l’homme de comprendre quelle est sa place et son rôle dans l’univers.
La fonction "publique"
Avant d’être réalisée, l’œuvre médiévale fait l’objet d’une commande par un commanditaire issu le plus généralement de l’Église. Celui-ci est représenté dans l’œuvres de manière symbolique ou figurée. C’est aussi un moyen de motiver l’exaltation religieuse des donateurs ou récipiendaires.
Un souffle artistique qui touche le monde entier
Pendant cette période, les techniques et les supports se multiplient à travers le monde entier. Autant de méthodes artistiques qui participent à la richesse de l’art médiéval.
1. Le parchemin
Confectionné à partir de peaux de mouton ou de chèvre, le parchemin est le support par excellence des textes calligraphiés et enluminés par les copistes médiévaux d’Europe, du Moyen-Orient ou d’Afrique du Nord. Les encres minérales, les couleurs végétales et les liants réagissent particulièrement bien sur ce support coûteux, mais durable.
2. La gravure sur bois
Appelée xylographie, elle correspond à une technique d’impression médiévale utilisée notamment en Asie. Elle consiste à appliquer de l’encre sur la surface gravée puis à presser dessus une feuille de papier ou de soie pour « l’imprimer ». Les textes bouddhiques étaient ainsi reproduits en de nombreux exemplaires.
3. L’émail
Principale technique de décor de l’orfèvrerie, l’émail est une poudre de verre colorée et opaque qui, une fois appliquée sur de l’or, de l’argent ou du cuivre, se solidarise au support. De quoi fabriquer des objets liturgiques, mais aussi profanes, aux couleurs aussi vives que chatoyantes.
La technique de l’émaillage se répandra partout en Europe, inspirée par l’œuvre de Limoges ou Opus Lemovicense.
4. La tapisserie
Réalisée avec un métier à tisser, elle consiste en un entrecroisement des fils de chaîne verticaux, avec le fil de trame lancé à la main au moyen d’une navette : fils de laine, de soie et d’or composent de magnifiques dessins. La tapisserie fait l’objet d’un réel engouement, tant au niveau du clergé que de la noblesse comme l’illustrent les 6 tentures de la fameuse "Dame à la Licorne". L’Europe du Nord compte de nombreux ateliers de production, connus au-delà des mers.
5. Le vitrail
Sa méthode de fabrication repose sur l’association de baguettes de plomb et de morceaux de verre d’une épaisseur de 1,5 à 5 mm après la réalisation d’un dessin technique reporté sur un calque à l’échelle 1/1 puis calibré.
Les calibres en papier fort permettent ensuite de découper de manière très précis les pièces de verre. Puis les verres et les plombs sont assemblés, soudés et mastiqués pour consolider et rendre étanche le vitrail. Les vitraux de la Cathédrale de Chartres restent un témoignage exceptionnel de cette technique.