Contexte et analyse de l'œuvre
Le contexte
Daniel Spoerri est né en Roumanie en 1930, pays que sa famille quittera pour la Suisse à la mort de son père, alors qu'il n'a que 12 ans.
Il commence sa carrière en tant que danseur à l'opéra de Berne, il assurera différentes fonctions au théâtre (metteur en scène, acteur, décorateur …). Il se lie très tôt d'amitié avec Jean Tinguely, un artiste-sculpteur suisse qui réalise des installations, c'est cette rencontre qui l'orientera vers sa carrière de plasticien.
Il figera ensuite des étalages de marchés aux puces, le contenu de tiroirs ... il colle les éléments et les expose à la verticale, ce sont les tableaux-pièges. Plus tard il ouvre un restaurant et fige les restes de repas de ses clients de la même manière.
Il continuera à travers divers séries d'assemblages à détourner des objets ordinaires, une manière pour l'artiste d'amener le spectateur à voir différemment des objets de tous les jours et à s'interroger.
Il vit aujourd'hui en Toscane où il a fondé un jardin de sculptures et poursuit son travail.
L'analyse de l'œuvre
1. En termes de forme
Cette œuvre est un collage qui fait partie de la série des tableaux-pièges, elle mesure 103 x 205 x 33 cm pour 114 kg.
2. En termes de technique
Ce tableau est le résultat d'une performance artistique, D. Spoerri a transformé durant quelques jours une galerie en restaurant, les convives se sont vus servir ses propres plats et une fois leurs repas terminés ils ont collé leurs restes à même la table. On retrouve donc tous les éléments d'un repas classique partagé : les couverts, la vaisselle sale, les serviettes chiffonnées, les restes de nourritures …
3. En termes de signification
Ce tableau marque la volonté de saisir un instant éphémère, de l'immortaliser. Face à cette scène hissée à la verticale, le spectateur est désorienté, c'est l'une des caractéristiques des nouveaux réalistes : donner un pouvoir de réflexion à des objets ordinaires.
4. En termes d'usage
" Les tableaux-pièges sont une information, une provocation, une invitation à l’œil à regarder des choses qu’il n’a pas l’habitude de voir ", l'occasion de réfléchir à la société de consommation, au temps du repas, au partage, à nos propres habitudes ... un retour à la réalité brute dans l'art.