Contexte et analyse de l'œuvre
Le contexte
Face aux chefs d'œuvre de Léonard de Vinci ou Raphaël, les artistes contemporains d'Arcimboldo se voient contraints d'être en rupture artistique avec ces véritables maîtres de la Renaissance.
Bon nombre d'entre eux se tournent alors vers une nouvelle façon de peindre et lancent le mouvement "maniériste".
Son principe ? Réaliser des compositions complexes en exagérant les expressions des visages, en déformant les corps, en utilisant des couleurs et des éclairages étonnants.
En 1565, sous le règne de l'empereur Maximilien II, Arcimboldo est nommé portraitiste de la cour des Habsbourg. À la mort de l'empereur, son fils Rodolphe II fait d'Arcimboldo le conseiller artistique, organisateur et metteur en scène des divertissements de la cour impériale.
Comme ses contemporains, Arcimboldo devient peintre maniériste, tout en optant pour un style particulièrement différent et original.
Analyse de l'œuvre
1. En termes de forme
"Les quatre saisons" d'Arcimboldo visibles au Musée du Louvre sont des portraits caricaturaux. Ils représentent un profil humain élaboré à partir d'éléments naturels (fruits, légumes, végétaux…) qui rappellent chacun une saison. Chaque tableau est entouré d'un encadré floral qui n'existait pas dans la version originale.
Les dimensions :
- L'Hiver : 76 x 63,6 cm
- Le Printemps : 76 x 64 cm
- L'Été : 76 x 64 cm
- L'Automne : 76 x 64 cm.
2. En termes de technique
Les quatre saisons sont des huiles sur toile représentant des compositions naturalistes à partir d'éléments naturels non déformés.
3. En termes de signification
À travers ces visages de profil, Arcimboldo a voulu offrir une allégorie des quatre saisons, mais également traduire le pouvoir de l'empereur Maximilien II, qui gouverne autant les hommes que les saisons et les éléments.
Avec son œuvre, Arcimboldo évoque que le règne du Saint Empire pourra lui aussi défier le temps.
La symbolique des saisons :
-L'Hiver
Le profil d'un vieillard au visage ridé est représenté par un tronc noueux. Sa chevelure est faite de racines sur lesquelles pousse du lierre, un symbole de fidélité. Seule note de couleur dans cet ensemble sombre : une orange et un citron qui rappellent sans doute l'Italie natale d'Arcimboldo.
- Le Printemps
C'est la seule figure féminine de l'ensemble. Elle regarde le visage vieilli de l'Hiver et symbolise une certaine renaissance, le retour des fleurs qui s'ouvrent à la vie pour chasser le gris hivernal.
Cette figure féminine est également l'image de la procréation, du renouvellement de la nature, mais aussi de la famille impériale des Habsbourg.
- L'Été
Une courgette pour le nez, une cerise avec un épi de blé pour l'œil, une cosse de petits pois ouverte pour la bouche, une pêche pour la joue… Vu de loin, ce portrait évoque un homme au sourire moqueur, mais qui irradie tel le soleil estival.
Avec sa couleur dorée, le vêtement réalisé en blé tissé fait allusion aux abondantes récoltes et traduit la période de faste que connaît l'Empire. L'Été est le seul portrait signé et daté par Arcimboldo (1573).
- L'Automne
Cet homme mûr ressemblant à Bacchus, le dieu du vin, regarde la splendeur de l'Été. Il symbolise le temps des vendanges ; sa chevelure est réalisée en grappes de raisins, feuilles de vigne et citrouille. Quant au vêtement, il apparaît sous la forme d'une barrique disjointe tenue par une corde, tout comme l'Empereur Maximilien tient son empire.
4. En termes d'usage
Arcimboldo a peint différentes versions des quatre saisons. Seuls les originaux de l'Hiver et de l'Été sont encore exposés à Vienne en Autriche. Parmi les séries les plus renommées, celle exposée au Louvre est une copie commandée par l'empereur Maximilien II de Habsbourg qui souhaitait en faire cadeau à Auguste de Saxe.