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Partez à la découverte du XIXe siècle

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Dans le prolongement de la Révolution française de 1789, les anciennes structures sociales et politiques perdent de la vitesse au profit de profondes métamorphoses.

Intellectuels, savants et bien sûr artistes de l’époque se lancent corps et âme dans la recherche scientifique, technologique mais aussi artistique. De profonds bouleversements esthétiques donnent naissance à de nombreux courants dont certains seront abordés ici. Aussi complémentaires qu’indispensables à la marche du siècle, ils se caractérisent tous par des spécificités bien marquées…

De l'Académie avant toute chose

L’année 1830 met définitivement fin à la Restauration, période pendant laquelle la souveraineté monarchique avait de nouveau été d’actualité autour des rois Louis XVIII et Charles X, frères de Louis XVI. C’est alors que s’installe la monarchie de Juillet avec à sa tête la maison d’Orléans, branche cadette des Bourbons. Au même moment, l’Académisme s’impose comme le style officiel, dicté et reconnu par l’Académie des Beaux-Arts de Paris. Place à un mouvement conventionnel qui fera parler de lui jusqu’en 1880 environ…
 
Derrière les portes de l’Académie
L’Académie des Beaux-Arts parisienne est considérée à l’époque comme la plus rayonnante de toutes. Comment s’organise-t-elle ? Elle réunit différents savants et artistes assurant le contrôle mais aussi la production des œuvres artistiques. Bien sûr, ils protègent aussi leurs créateurs et assurent leur renommée.
En fait, l’Académie fonctionne comme une école d’Arts avec un concours d’entrée, un cycle de formation, un « examen final » sous forme de projet, un voyage d’étude en Italie à la découverte des peintres de la Renaissance pour les plus méritants, un Salon où sont exposées puis vendues les œuvres les plus conventionnelles… Autant d’échelons à gravir avant d’être reconnu par ses contemporains.
 
Un style pictural bien réglé
La pratique de la peinture académique exige avant tout le respect de règles sévères. Pour les thèmes, l’histoire, la période antique et l’intérêt pour l’orientalisme sont privilégiés.
Au niveau des genres, la peinture de scènes historiques, l’art du portrait et du nu dominent les productions artistiques.
Les peintres doivent donc privilégier les sujets nobles et surtout, prouver qu’ils maîtrisent parfaitement le dessin.
Leurs modèles ? Les peintres de la période Renaissance avant tout mais aussi ceux du néo-classicisme français comme David.
 
Les principes fondateurs
Imposés par l’Académie des Beaux-Arts, ces principes sont respectés « à la lettre » par les artistes :
•    Priorité donnée au dessin, à l’étude de l’anatomie et du nu
•    Recherche de la perfection au niveau de la ligne, du volume et des tensions
•    Recherche de l’achèvement de l’œuvre
•    Imitation des Anciens et de la nature
•    Pratique de la touche lisse et du glacis
•    Exactitude de la représentation du réel
•    Retour au travail en atelier
 
Quelques peintres célèbres de l’Académisme :
Alexandre Cabanel, François Joseph Heim, Gustave Boulanger, Thomas Couture, Paul Delaroche, Jean-Léon Gerôme, William Bouguereau, Léon Perrault…

Place au Réalisme

Soulèvement du peuple, instauration de la seconde République, préoccupations sociales et économiques… C’est avant tout ce contexte historique assez tendu qui « inspire » les artistes de l’époque. Loin de l’idéalisme romantique et par réaction à l’Académisme, le Réalisme trouve ses origines au cœur de la société avant de devenir un mouvement à part entière entre 1850 et 1870.
 
Côté peinture…
La peinture réaliste voit le jour en France autour des années 1840. Elle illustre avant tout le nouvel intérêt des artistes pour la société qui les entoure : milieu rural, espace urbain, scènes de la vie quotidienne en tout genre…
Très loin des sujets bibliques ou antiques, la peintre réaliste se concentre sur la représentation « vraie » de ce qui l’entoure, « l’art vivant » comme dira justement Gustave Courbet, chef de file de ce courant.
Les sujets se banalisent, s’ancrent dans la réalité, mais gagnent paradoxalement en puissance, en justesse. La place de l’observation, le souci du détail permettent de saisir des instants précieux du quotidien, « suspendus » hors du temps par l’œuvre d’art et grâce à la technique des peintres réalistes. Un peu comme le feront ensuite les photographes…
 
Les principales caractéristiques de la peinture réaliste :
•    Couleurs du « réel » et traces du pinceau visibles
•    Contrastes entre ombre et lumière
•    Représentations d’individualités et mise en scène de personnages expressifs
•    Études d’après nature
•    Exaltation du sens social
 
Quelques peintres réalistes célèbres :
Gustave Courbet, Jean-Baptiste Corot, Jean-François Millet, Honoré Daumier…

Zoom sur l'Impressionnisme

Entre 1860 et 1880, un groupe indépendant d’artistes, appelé « le Groupe de 1863 », décide de « faire bouger » les codes artistiques, d’imposer sa peinture loin des règles trop strictes de l’Académie. On assiste à une véritable explosion des ateliers d’artistes où peindre en toute liberté devient possible.
En 1874, ne pouvant pas exposer au Salon des peintres académiques, les « impressionnistes » exposent chez le photographe Nadar, qui les accueille en toute amitié. C’est à cette occasion qu’est utilisé pour la première fois le terme « Impressionnistes », suite à la critique du tableau de Monet "Impression Soleil levant". Un tableau perçu comme inachevé qui participera paradoxalement à la totale reconnaissance artistique du mouvement.
 
Côté peinture…
À sa manière, la révolution industrielle participe aussi à l’explosion du mouvement impressionniste :
tubes de peinture prêts à être utilisés, chevalets plus légers et facilement transportables…
Les peintres sortent de leurs ateliers pour se rendre directement sur les lieux de leur inspiration. Et les nouveaux moyens de transport sont même utilisés à cette fin : le train, le bateau…
De quoi rendre compte d’une multiplicité de paysages à travers la France entière, mais aussi de l’Europe.
 
Côté couleurs, place à la pureté, à la vivacité et à la juxtaposition de touches en forme de virgules.
L’objectif ? Rendre compte de la décomposition de la lumière et de ses multiples effets sur les paysages. Saison, moment de la journée, météo… Autant de critères qui influencent puissamment la peinture impressionniste.
 
Côté thèmes, place aux paysages, ville ou campagne, lieux de travail et de rencontres comme les usines, les gares mais aussi les moments de fêtes et de loisirs.
 
Quelques peintres impressionnistes célèbres :
Édouard Manet, Henri Fantin-Latour, Alphonse Legros, Edgar Degas, Paul Cézanne, Claude Monet, Auguste Renoir…

Le Néo-impressionnisme, comment ça marche ?

La peinture et les peintres gagnent en indépendance et s’affirment par une forme de « jusqu’au boutisme ». Le mouvement impressionniste se radicalise pour donner forme au Néo-impressionnisme qui à son tour fera entrer l’art dans le XXe siècle.
Le principe ? Utiliser la couleur par touches minuscules pour créer une forme d’illusion de l’image. Le travail du regard sur l’œuvre d’art évolue parallèlement.

Place à la couleur…
Les progrès scientifiques au niveau optique entraînent aussi une nouvelle perception du cercle chromatique. L’idée est d’exploiter au maximum les couleurs en mettant en valeur leur pureté et leur éclat. C’est en fait la recherche des contrastes les plus authentiques qui caractérise les peintures néo-impressionnistes, sans oublier le sens de la géométrie, le rythme, l’arabesque et bien sûr la lumière. En fait, la peinture néo-impressionniste repose sur une réflexion scientifique originale.
Les couleurs ne font plus l’objet de mélanges sur la palette ou sur la toile, elles sont juxtaposées par petites « tâches » qui interpellent plus efficacement l’œil du spectateur. Une technique qui évoluera vers ce que l’on nomme dans les années 1880 le « Divisionnisme » puis le « Pointillisme », soit l’explosion de luminosité grâce au travail des couleurs.
Pour ce qui est des thèmes, les peintres néo-impressionnistes reprennent ceux traités par les impressionnistes.
 
Quelques peintres néo-impressionnistes célèbres :
Georges Seurat, Paul Signac, Lucien Pissarro, Vincent Van Gogh, Émile Bernard, Albert Dubois-Pillet, Charles Angrand, Henri-Edmond Cross…

Paul Gauguin et le Cloisonnisme

Au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, le peintre Paul Gauguin s’impose progressivement dans l’univers artistique. Influencé par son enfance en Amérique Latine, son goût pour le voyage et l’exotisme, Gauguin réussit à imposer son art.
En 1874, sa rencontre avec Pissarro bouleverse sa vision picturale. Initié au paysage impressionniste, il apprend aussi à travailler la luminosité et les couleurs. De 1879 à 1886, il expose aux côtés des plus grands… tout en commençant à affirmer son indépendance à l’égard des conventions.
Au cours de l’été 1888, Paul Gauguin rompt avec le mouvement impressionniste tout en continuant de vouer une réelle admiration pour Pissarro, Cézanne et Degas.
Il crée l’Ecole de Pont-Aven et fait évoluer sa peinture en profondeur… Il tend même vers l’art du vitrail avec la création du Cloisonnisme.
Puis il choisit de partir pour la Polynésie en 1891, sur la trace des indigènes et des tribus lointaines, en quête de vérité et d’authenticité. De Tahiti aux Îles Marquises, sa peinture gagne en force imaginaire, en symbolisme, en mysticisme et en vitalité. Tel un ethnologue, il s’imprègne de la culture Maori dont il stylisera certaines des caractéristiques au cœur de ses toiles.
 
Le Cloisonnisme en 7 spécificités :
•    Des toiles composées de grands aplats colorés
•    Utilisation du cerne noir pour délimiter et mettre en valeur les formes
•    Simplification des formes au maximum
•    Absence de perspective
•    Couleurs éloignées de celles de la réalité
•    Inspiration des estampes japonaises, des images d’Épinal et des arts primitifs
•    Tension vers l’abstraction
•    Recherche des harmonies sombres et de la dissonance
 
Quelques peintures de Paul Gauguin :
- Étude de nu ou Suzanne cousant – Végétation tropicale, Martinique 1887 – la vi cœur sion après le sermon 1888 – La belle Angèle – Paroles du diable 1892 – D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? 1897…
 
Quelques peintres du Cloisonnisme :
Luis Anqutin, Émile Bernard, Maurice Denis, Henri de Toulouse-Lautrec, Vincent Van Gogh (à sa manière)…

Fauvisme et fin de siècle

Le Fauvisme, c’est de la couleur avant tout…et un grand pas vers le XXe siècle et toute sa modernité ! En effet, ce courant s’inscrit vraiment à la transition des deux siècles et s’épanouit au tout début des années 1900. Pourtant, malgré sa très courte durée de vie, il marquera l’Europe entière …
 
Henri Matisse, chef de file de ce mouvement, ouvrira la voie à un nouveau travail sur l’intensité de la couleur et la définition de formes simples.
L’objectif ? Chercher à provoquer, voire choquer pour mieux éveiller les consciences. « Ce sont des fauves ! » dira un critique en parlant des artistes de ce mouvement… d’où son nom. Pourtant, Henri Matisse se défendra longtemps de cette « accusation » en précisant qu’il ne souhaitait que reconstituer le paradis de l’homme et de la femme par de curieux contrastes colorés et la création d’émotions. Une réinvention de l’art de peindre en quelque sorte.
 
Côté peinture…
Les toiles se teintent de rouge, vert et jaune… Les couleurs ne sont plus mélangées, ni sur la palette, ni sur la toile. Appliquées sans artifices, prises directement du tube, elles rendent compte de toute leur éloquence et de leur pouvoir de suggestion.
Seulement par le dessin, simplifié de manière quasi décorative, Matisse réussit à donner l’impression du volume en utilisant essentiellement des couleurs unies, comme il le fait dans son célèbre "Nu bleu IV", réalisé sur papier Canson®.
Mais il recherche aussi à créer une forme de « platitude » : les différents objets qui composent ses toiles font parfois penser à de simples morceaux de papier peints, collés côte à côte.
Pourtant, il a réussi par son travail à explorer les pouvoirs particuliers de la lumière, tout en faisant en sorte que le dessin et la couleur soient réunis à jamais.
 
Quelques peintures d’Henri Matisse :
– La femme au chapeau 1905 – Laurette au turban blanc – Nu noir et or – Chambre avec vue sur la mer – Intérieur et phonographe – Nu allongé – Jardin du Luxembourg – Luxe, calme et volupté…
 
Quelques peintres célèbres du Fauvisme :
Henri Matisse, André Derain, Pierre Bonnard, Maurice de Vlaminck, Albert Marquet…