Traiter par le thème et les matières des techniques « traditionnelles » à celles plus « modernes », voilà ce que propose ce thème sur un papier aux multiples facettes.
Temps d’exécution : 3/4 h
Matériel utilisé :
Dessinez vos personnages à l'aide d'un crayon HB ou 2H (plus sec) selon votre sensibilité. A gauche, l'homme, dans un habit du XIXème ; le modèle, assise, plus moderne en arrière plan, donc plus petite car éloignée. Cet effet simple de perspective crée un mouvement dans une scène relativement horizontale.
Commencez par des constructions schématisées et simples.
A l'aide de trames successives, hachurez les vêtements, davantage pour l'homme, symboliquement ancrée dans une « tradition » d'atelier. Le modèle, plus impressionniste, va garder l'élan d'une esquisse.
Déposez de légères touches d'aquarelle de Terre de Sienne à l'aquarelle sur les ombres crayonnées du peintre, puis foncez progressivement vers les zones sombres (sous le chapeau, la barbe, le veston, le pantalon,...).
Le modèle sera traité avec plus de douceur à l'aide de teintes bleu outremer, carmins et jaune. Laissez de nombreuses réserves (« blanc » du papier) afin d'apporter de la légèreté au sujet.
Remarque : le travail au « lavis » à gauche ( une même couleur plus ou moins accentuée) suggère des dessins classiques anciens. Il contraste avec l'introduction de la couleur à droite, synonyme de la découverte de la pose sur le « motif » en plein air, à l'aide de médiums facilement transportables, grande révolution de l'art moderne au XIXème
Dessinez un cadre autour de la scène. Ajoutez les éléments du décor. L'effet entre l'atelier et la nature doit s'opérer par des astuces graphiques : les feuilles d'études au mur s'envolent peu à peu vers l'horizon. N'hésitez pas à soigner quelques détails (cadres, pinceaux, objets, statue) pour suggérer le foisonnement intérieur du peintre, autant l'atelier que son apparence et son visage concentré.
Astuce : pour le châssis, le chevalet, la fenêtre et tous les traits « droits » , vous pouvez utiliser une règle avec un 2H, puis revenir dessus à main levée avec un crayon plus gras. Vous aurez un effet spontané sur une base parfaite.
Appliquez une couche Terre de Sienne sur la partie droite sans distinction dans un premier temps. Puis sur quelques feuillets volants.
Cette étape est importante : nous allons introduire de l'acrylique dans notre dessin.
Attendez que le papier soit bien sec. Puis, à l'aide d'une brosse carrée ou biseautée, déposez du blanc pur sur certaines zones choisies : la toile au sol, certaines feuilles au mur, les carreaux des fenêtres.
Dans un même temps, foncez à l'aide d'un pinceau fin les ombres des objets avec de la Terre de Sienne. Le volume et les contrastes apparaissent progressivement.
Important : par ces actions, vous allez découvrir la différence entre un blanc laissé en réserve et un blanc opaque déposé sur une surface colorée. C'est la grande différence entre l'aquarelle et la peinture ! A gauche, des zones plus « empâtées », à droite des espaces laissés vacants et transparents. A noter que le papier Mixed Media permet aisément de travailler tous ces outils ensemble.
Le cadre au sol et les papiers accrochées au mur vont être les terrains de différentes expérimentations :
Un mini paysage en bas à gauche traité indifféremment à l'aquarelle ou à l'acrylique avec un pinceau très fin. ( indigo, ocre jaune, bleu primaire, vert,...)
Des dessins d'études au mur au crayon, à la sanguine ou tout autre outil graphique.
Astuce : la pose de l'acrylique opaque blanche donne de l'épaisseur aux travaux. Cet effet peut être exploité seul sur une feuille entière, à vous d'inventer vos propres créations ! Dans tous les cas, attendez bien que la couche précédant la suivante soit bien sèche.
Nous allons travailler la jonction des deux parties.
Mouillez avec de l'eau claire l'ensemble de la partie droite. Déposez quelques touches de Bleu primaire et Outremer. Laissez des zones vierges pour suggérer les nuages.
Mouillez avec de l'eau claire la partie inférieure. Trouver un mélange coloré qui puisse créer une transition entre les deux univers. De la Terre de Sienne jusqu'à un vert fabriqué par vos soins à l'aide de bleu primaire, de jaune cadmium foncé et d'ocre jaune.
Conseil : Restez dans la légèreté et la suggestion. Faites vos mélanges sur un papier équivalent. L'épaisseur permettra d'utiliser votre couleur un certain temps car elle ne sera pas absorbée de suite. Faire des essais sur un papier identique donne l’avantage de se rendre compte exactement des teintes et de leur densité.
Une fois les grandes zones posées, regardez de loin votre dessin, puis dans un miroir. Les qualités et les défauts vont se révéler.
Finalisez les arbres, quelques détails des tissus, les ombres des feuilles volantes. Restez toujours dans les mêmes teintes. Cela donne une cohésion à l'ensemble.
Le cadre dédoublé apporte une touche distinguée à l'ensemble, entre tradition et modernité. Renforcez certains traits au crayon.
Nous avons décidé de laisser le tableau central vide. A vous d'imaginer le résultat final !
Dans cette composition à la fois technique et « métaphorique », plusieurs techniques sont employées. Elles ne sont pas concurrentes mais complémentaires. Le classicisme a permis aux modernes d'éclore et chaque moderne porte en lui un héritage.
Pensez toujours en termes de progression : quelle couche, quelle couleur peut-on mettre avant le résultat final ? Soit laisser le papier vierge, technique propre à l'aquarelle. Soit, posez un fond, une « impression colorée » sombre afin d'apporter peu à peu de la lumière par l'empâtement, technique typique de la peinture.
Ces enseignements traditionnels nourrissent bien des tableaux modernes : toiles abstraites ou figuratives, géométriques ou lyriques. Dans tous les cas, l'apport d'un bon support et d'un mariage de médiums différents donnera de l'ampleur à vos œuvres.
