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Les notions de base de l'Edition d'Art

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De l’estampe au livre mêlant images et textes choisis, l’édition d’art est multiple. Elle repose toujours sur un travail soigné, recourant le plus possible aux techniques traditionnelles.

1. Pour imprimer quoi ?

L’édition d’art regroupe une série de techniques permettant de produire différents supports.

  • Estampes, œuvres imprimées à l’unité et en nombre restreint, à partir d’un dessin réalisé sur une matrice. C’est le cas des lithographies, eaux-fortes et autres sérigraphies.
  • Livres illustrés de grande qualité, type livres d’art.
  • Livres d’artistes, des objets conçus artisanalement et reliés à la main, produits en nombre très limité.

Identifier un original

Les livres d’artistes, gravures et autres lithographies modernes sont le plus souvent signés, et surtout numérotés.

  • Chaque exemplaire porte un numéro différent, assorti d’un nombre indiquant le nombre d’unités produites : par exemple, 12/80.
  • Quelques exemplaires (au maximum 10 % du tirage) sont réservés au créateur : ces épreuves spécifiques sont identifiées par des chiffres romains.

2. L’estampe dans tous ses états

Si les techniques se sont diversifiées avec le temps, toutes reposent sur le même principe : imprimer sur une feuille de papier de grande qualité l’empreinte d’une œuvre réalisée sur une matrice spécifique.

  • Elles sont imprimées individuellement, chaque nouvelle épreuve nécessitant de réencrer la matrice.
  • Les tirages sont limités, voire très réduits : les gravures à la pointe sèche, par exemple, dépassent rarement 20 unités en raison de la fragilité du tracé. L’impression en offset a cependant permis de populariser les estampes, notamment les lithographies, en autorisant des reproductions en plus grande série.

A Savoir : Trois caractéristiques d’une estampe

  • Produite à l’unité, il s’agit d’un original, d’un tirage, d’une épreuve… jamais d’une reproduction. La matrice est ensuite détruite ou rendue inutilisable.
  • C’est le reflet inversé de l’image dessinée sur la matrice, comme dans un miroir.
  • La création de la matrice est réalisée par l’artiste ou selon ses directives.

3. Les techniques d’impression

Dans tous les cas, l’œuvre est reproduite par encrage du papier.

 

- La taille d’épargne (ou en relief) : L’œuvre est dessinée sur une matrice de bois ou de linoléum. Le graveur creuse ensuite le support en « épargnant » le trait, qui s’inscrit donc en relief, prêt à être encré et mis en contact avec le papier.

- La taille douce (ou en creux) : Diverses méthodes permettent de graver en profondeur le dessin sur une plaque de cuivre ou de zinc. Passée à l’aide d’une mousseline, d’un tampon ou même à la main, l’encre se dépose dans les creux. La plaque, recouverte du papier, est ensuite passée entre les rouleaux d’une presse. On distingue deux types de taille douce :

- La taille directe : la gravure est réalisée physiquement au moyen d’outils variés (méthode du « burin »), d’une fine pointe d’acier (« pointe sèche ») ou encore d’un rouleau denté métallique (« manière noire »).

- La gravure à l’acide : c’est le cas de l’eau-forte. La plaque est préalablement protégée par un vernis. L’image est dessinée puis gravée sur le vernis, qui sera ensuite soumis à l’action corrosive d’un acide et creusé chimiquement.

- La lithographie (ou impression à plat) : L’artiste dessine sur une pierre poreuse spécialement traitée (ou une plaque de zinc) à l’aide d’un médium gras : crayon, encre spéciale, pastel à la cire… Des aplats, appelés « lavis à l’encre », peuvent s’y ajouter. La pierre est ensuite humidifiée, puis encrée au rouleau : seules les surfaces grasses, non atteintes par l’eau, retiennent l’encre. La pierre est ensuite recouverte d’une feuille de papier, puis passée sous une presse.

- La sérigraphie : Elle repose sur un principe de pochoir : la couleur est appliquée sur le support à travers un tissu fin (du nylon) dont certaines zones ont préalablement été ouvertes. La matière est délivrée uniformément, sans nuance. Il est possible d’apposer successivement plusieurs teintes. Ses avantages : elle est très rentable, le rendu des couleurs est particulièrement éclatant !

- Les procédés photographiques : Ils permettent naturellement, depuis la fin du XIXe siècle, de reproduire des images, auxquelles les puristes rechignent cependant à accorder le titre d’estampe, dans la mesure où la matrice n’est pas directement travaillée par l’artiste. L’image, présente sur un film photographique transparent, est en effet transférée sur le support d’impression préalablement recouvert d’une matière photosensible (le liquide de révélation) ; la photographie est ensuite fixée, puis séchée. Malgré l’industrialisation de la production d’images photographiques, puis la révolution numérique, certaines techniques traditionnelles sont encore utilisées.

Le saviez-vous ? Du noir… à la couleur

Traditionnellement associée au noir et blanc, l’estampe sait aussi, dans certaines conditions, prendre des couleurs.

  • Vous pouvez la colorier à la main, à l’aquarelle ou à la gouache, éventuellement à l’aide de pochoirs.
  • Les lithographes lui associent de la couleur par chromolithographie : chaque couleur est posée par le biais d’une matrice (une pour chaque couleur). Chaque empreinte est successivement déposée sur la même feuille de papier.
  • Autre technique, plus rare : l’impression « à la poupée ». Elle consiste à encrer sélectivement une seule matrice, en juxtaposant les couleurs et en les étalant au doigt. Le tirage s’effectue en une fois. Le nom de « poupée » rend hommage au doigt de l’imprimeur… entouré de chiffon.